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J'écris des trucs
20 août 2013

Ode à mon corps imparfait

Tout au-dessus, on trouve haut perchée

Une touffe insolite d’une forme indéfinie

Dont chaque jour pourtant, l’architecture varie

Et qui se laisse aussi, au fil des ans

De plus en plus parsemer de fils blancs

Que je tente tant bien que mal de cacher

 

Quelques rides au coin des yeux, signe de sourires fréquents,

Lèvres un peu gercées émoussées  sous la bise 

Recouvrent une bouche qui dit bien des bêtises

Et surmontent un menton, ma foi, un peu épais,

Qui aura la grâce de ne pas trop se  friper

Quand arrivera l’heure dite du flétrissement.

 

Une peau avec des taches, des bosses, des trous,

Qui avant d’avoir la teinte qu’arborent les naïades

Rougit inégalement, boutonne en persillade,

Mais c’est cadeau de mon père, qui était un peu roux

Alors je la câline à son souvenir si doux.

Enveloppe fragile et  douce comme un doudou ;

 

Et sous des épaules arrondies et languides

Des bras dodus et potelés, qui disent

Que mon grand appétit et ma gourmandise

Sont des faiblesses que je ne peux cacher,

Je suis en effet gourmette bien assumée

Plaisir de bouche vaut mieux  qu’une vie insipide

 

Et sur l’un d’eux s’impriment des griffures de chat

Souvenirs des humeurs du domestique félin

Qui ne souffrait que nul ne fut sur son chemin

Et donc à griffes nues se prenait à gravir

L’importun, lui laissant ainsi en souvenir

A jamais la trace de ses pas sur son bras.

 

Et mes mains… ah ! mes mains !

Rondes et abimées, car je m’en sers souvent ;

Et que je ne m’en occupe, je l’admets, pas vraiment.

Toutes grêlées, les pauvres, de traces de verrues

Une plaie d’enfance, en douleurs disparue 

Dont ces bombements clairs demeurent les témoins;

 

Difficile aussi à la vue de soustraire

Ces poignets courts et patauds qu’aucun bracelet ne flatte

La nature m’ayant  pourvue  de jointures de primates

Moi qui rêve pourtant d’attaches toutes fines

Graciles et précieuses comme celles des ballerines,

Mais bien trop fragiles pour ma vie cavalière

 

Un ventre pas assez plat selon certains experts,

Dont les bourrelets moelleux rendent assez imprudent

 le port du jean taille basse ou d’un tee-shirt moulant,

mais  dont l’émouvant relâchement rappelle

au visiteur régulier ou plus occasionnel

qu’il fut nid à bébés durant deux longs hivers ;

 

Et sous ma poitrine à l’ampleur maternelle

Qui attire, je l’avoue, souvent des compliments

Bat un cœur qui s’emballe, qui rit, qui se fend,

 et qui vibre parfois jusqu’à en perdre haleine

Au gré des émotions, des rencontres et des peines,

de sensations troublantes et d’ivresses charnelles.

 

Descendons maintenant un peu plus bas encore

Sur des cuissots courtauds,  et des genoux épais

Qui furent, mais chut ! car c’est un secret,

Dotés autrefois d’un talent sidérant

Une souplesse incroyable des tendons, permettant

De faire le grand écart sans le plus petit effort

 

Au sol enfin, je pose dix orteils ronds,

Comme si à mes pieds quelqu’un avait greffé

Une brochette de mini boudins antillais

Mais cet élégant attribut charcutier

Qu’est-ce qu’il m’aura fait danser !

Tant il me porte avec obstination.

 

Mon corps, mon allié, fiancé éternel,

Quand je te regarde, dépouillé d’artifices,

Sans autre ornement qu’un duvet au pubis

Je te trouve beau de face, profil ou trois quarts

Et n’ai plus peur enfin de t’offrir aux regards,

Peu importent les coupures et les épis rebelles

 

Comme un ami fidèle, un frère de tranchées,

bien que je t’aie parfois affamé, épuisé, puni,

Bienveillant, sans faillir, d’une noblesse inouïe,

Tu me donnes en cadeau, généreux donateur

Plaisir, délice, volupté et bonheur

Que je reçois humblement avec sérénité.

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