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J'écris des trucs
27 mars 2014

C’est une étrange chose, en somme, que le corps des hommes

Le corps des hommes est fascinant
pareil au mien et pourtant si différent
je l'observe avec goût et curiosité
comme un tableau mouvant, un peu abstrait
quelque chose d'étrangement imprécis
qui exhale l'énergie, le défi
une tranquillité
un abri
 
Sur le visage à la peau épaisse,
cette barbe qui pousse et pousse sans cesse
telle une plante opiniâtre, insoumise 
qui colonise le terrain à sa guise,
leur confère par leurs joues hérissées
une autre figure, douce et apaisée
Une bienveillance
Une sensibilité

Et au milieu de ce buisson
cette envahissante toison
la bouche, fine, mobile et rosée
de laquelle, comme un moteur usé
Sort une voix grave, un ronronnement
dont le son assourdi m'habite, intensément
Une chanson
Un bercement

La nuque, large, liée à l'échine
par les tendons noués en toile fine,
Qui, au moindre effort, se couvre de gouttelettes
au goût âcre et salé que ma langue gourmette
recueille avant qu'elles ne glissent mollement
en sillon vers le dos ample et rassurant.
Une gourmandise
Un picotement

Le torse, à la largeur généreuse
dont la caresse est un peu chatouilleuse
par les poils dont il est obscurci,
contre lequel mes épaules transies
viennent chercher chaleur et enveloppement
comme un cocon tendre et rassurant
Une quiétude
Un paravent.
 
Les mains, denses, dures et calleuses
car elles sont avant tout bricoleuses
aux ongles coupés court, sans manière ni chichis
deviennent, fabuleux tour de magie
si habiles et si douces parfois
comme si elles étaient gantées de soie
Une légèreté
Un chabadabada.

Les bras, coriaces, secs, charpentés,
recouverts d'une peau veloutée
qui laisse voir, transparence fortuite
les veines et les muscles qui sautillent, palpitent
et bombent, sous ce tonus inconscient,
jusqu'à la déchirure peut-être, leurs vêtements
Une robustesse.
Un bouillonnement.
 
Le ventre, parfois gonflé de quelques excédents
surplombe, protecteur, le sexe, étonnant,
dans son écrin de fourrure, fragile et nonchalant
qui se balance tranquille au gré des mouvements ,
ou au contraire se dresse, téméraire, et ardent
par la seule force de quelques effleurements
Une vigueur
Un bouillonnement.
 
Et les jambes, solides comme des chênes
résistant aux tempêtes aux vents qui se déchainent
qui portent, soulèvent, supports inébranlables
et se transforment en sièges confortables
lorsqu'ils m'invitent plein de délicatesse
jouant les grands seigneurs à y poser mes fesses
Une attention
Une gentillesse.
Mais le plus étonnant, bien que mis en sourdine,
c'est que sous la force éclatante on devine
un parfum fugace de vulnérabilité
qui donne au corps des hommes une fragilité
émouvante, qui me donne l'envie et le plaisir
de les contempler de tendresse et désir
Une communion
Se choisir
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